Cette saison, notre narration visuelle a été en grande partie façonnée par l'œil unique de Fredi Kalbermatten. Et oui, c'est un snowboardeur.
Mais le qualifier ainsi effleure à peine la surface. Fredi est un photographe d'origine suisse, profondément enraciné dans la culture du snowboard, un rider de montagne depuis toujours qui voit désormais le terrain à travers le cadre d'une caméra. Ses images vibrent d'une animation alpine brute et d'une douceur cinématographique à parts égales ; de vastes paysages, souvent mélancoliques, équilibrés par des moments intimes de mouvement et de lumière. C'est un langage visuel qui semble à la fois organique et précis, et qui est devenu un pilier de notre identité cette saison. On peut également voir sa touche créative dans le travail de notre marque sœur basée à Truckee, en Californie, United Shapes, pour laquelle il est aussi un athlète professionnel.
Pour quelqu'un qui s'est taillé une place dans la photographie de sports de montagne, Fredi aborde son art avec un sens rafraîchissant de l'humilité.
« Eh bien, je pense que j'apprends encore », nous dit-il, « je serai toujours en train d'apprendre. Mais la précision est vraiment importante pour moi. »
Cette précision n'est pas seulement technique. Son travail est d'une netteté incroyable, mais il est aussi d'une émotion folle. Ses compositions montrent de la retenue, de la clarté et du timing. On ressent le vent sur une crête, l'anticipation dans un regard silencieux entre les athlètes avant la descente, et même les moments qui suivent une grande journée, dans un restaurant chaleureux ou une cabane de montagne.
Photographié par Fredi / Rider : Sam Anthamatten
Les racines de Fredi dans le snowboard sont profondes. Il a passé des décennies à explorer les terrains alpins — non seulement en tant que photographe, mais aussi en tant qu'athlète et rider. Cette base continue d'influencer tout ce qu'il photographie, même lorsque le sujet porte des skis. Ce qui soulève la question suivante : comment l'expérience de photographier des freeskiers se compare-t-elle à celle de photographier des snowboardeurs ?
« Je pense que, de nombreuses manières, c’est similaire parce que le terrain est le même », explique-t-il. « Mais je ne comprends pas toujours comment s’appellent les tricks, et le fait qu'ils aient des bâtons rend le sujet plus grand. »
C'est un petit détail mais crucial, et qu'il a appris à adapter. « Au début, il m'arrivait parfois de couper les bâtons dans mon cadre, donc j'ai dû m'habituer à cela. »
Photographié par Fredi / Rider : Martin Bender
Mais pour Fredi, il ne s'agit pas vraiment du matériel, ni même de la discipline. Il s'agit de l'excellence.
« C'est toujours un plaisir pour moi de travailler avec des personnes qui sont vraiment bonnes dans ce qu'elles font », dit-il. « Que ce soit l'escalade, l'alpinisme, le VTT — les sports de glisse en général, vraiment. »
Son expérience sur une planche ne se limite pas à la façon dont il photographie ; elle façonne aussi la manière dont il se connecte avec les athlètes devant l'objectif.
« Quand je regarde un terrain enneigé, je pense à ce que je ferais si c'était moi — comment je le riderais, quelles figures je ferais », explique-t-il. « Et ensuite, j'essaie d'offrir cela aux athlètes également et de voir si c'est quelque chose qu'ils veulent saisir. Donc, d'une certaine manière, je pense que mon snowboard inspire aussi ma photographie. »
C’est ce mélange d'expérience partagée et de vision artistique qui distingue son travail ; une sorte de conversation silencieuse entre la neige, le sport et le sujet.
Les montagnes ne lisent pas les moodboards
Lorsqu'on lui demande ce qui nourrit sa vision, Fredi n'hésite pas.
« La lumière et le terrain », dit-il. « Je pense toujours à quand une caractéristique ou une zone sera dans la lumière ou dans sa meilleure lumière, ou à sa meilleure saison. »
Dans un monde de montages rapides et de contenu instantané, l'approche de Fredi est patiente. Il observe les paysages comme s'ils étaient de vieux amis, revenant chaque année dans les mêmes zones pour voir comment la neige s'accumule, comment les ombres tombent, comment les éléments façonnent le terrain.
« Dans les zones que je fréquente souvent, j'observe comment la neige s'accumule et comment les caractéristiques se forment au cours d'une année donnée », explique-t-il. « Lorsque les variables se rejoignent et que tout est en place, cela m'inspire vraiment. »
Puis il y a l'élément humain. C'est l'électricité supplémentaire de rider avec du talent.
« Travailler avec quelqu'un qui a un style vraiment bon ou un pop puissant — c'est toujours très agréable de travailler avec », dit-il.
Cette symbiose entre l'athlète et l'environnement est au cœur de son travail. On la voit dans son cadrage, souvent dans la façon dont les lignes jouent entre la neige et l'ombre. C'est autant une question du cadre que de la performance du sujet.
Photographié par Fredi / Rider : Sam Anthamatten
Comme tout photographe le dira, derrière chaque photo iconique se cache une liste d'obstacles logistiques. Ce sont les fenêtres météo, l'accès au terrain, les protocoles de sécurité, les briefs créatifs. Pour Fredi, la préparation est essentielle, mais l'improvisation est indispensable.
« Avant une séance, j'étudie généralement le briefing photo et je réfléchis à ce que le client veut », dit-il. « Comme le type d'ambiance qu'il souhaite pour les portraits ou les photos de produits, etc. L'action est généralement une priorité dans mon travail. »
Mais les montagnes ne lisent pas les moodboards.
« Lorsque la séance se déroule réellement, cela ressemble toujours à quelque chose de différent de ce qui était prévu », admet-il. « En fonction de la météo, de la lumière, du terrain, de l'emplacement, des conditions, etc., nous travaillons avec ce que nous avons chaque jour. »
Et c'est là que la véritable créativité entre en jeu.
« Il faut vraiment être flexible », dit-il. « L'idée que tu as dans ta tête est une chose, puis il faut être ouvert à l'inattendu, à ce que tu n'as pas prévu. C'est souvent là que réside la magie. »
C'est une soumission à l'inconnu. Faire confiance à chaque élément ; tes instincts, tes athlètes, et être suffisamment présent pour saisir quelque chose que personne n'aurait pu scénariser.
De tous les moments qu'il a capturés cette saison, un cliché se distingue. Il peut être vu sur des panneaux publicitaires, des communiqués de presse, des publicités dans des magazines, des brochures et des publications sur les réseaux sociaux annonçant la saison 2024-25.
Photographié par Fredi / Rider : Elisabeth Gerritzen
« C’est le cliché d’Elisabeth Gerritzen skiant à travers la grotte de glace pour Faction », dit-il. « C’était un endroit que j’observais depuis un certain temps et je pensais à la manière dont cela pourrait être photographié. Je l’avais même montré à un autre client en premier, mais les athlètes n’étaient pas intéressés. »
Heureusement, Elisabeth était partante. « Quand je l’ai emmenée là-bas, les conditions étaient tellement parfaites et elle a complètement déchiré. »
Pris dans les grottes de glace stupéfiantes autour de Saas-Fee pour la séance photo sur la montagne de l’épisode Portraits Unfiltered – Un portrait d'Elisabeth Gerritzen, cela a servi d’image clé pour la campagne, utilisée dans de nombreux points de contact pour notre saison cinéma et médias.
La Sauce Magique
De nombreux photographes en herbe cherchent à découvrir quels éléments secrets existent pour obtenir la photo parfaite, dans des environnements difficiles.
« J'adore les photos qui se produisent lorsque le sujet et le photographe sont en mouvement », dit-il. « Comme les prises de vue en caméra principale ou caméra suiveuse, car cela capture la sensation d’être en mouvement. Quand on regarde ce genre de photo, on peut le ressentir dans son corps. On peut être transporté directement là, dans l’action. »
Et quand cela arrive ? On le sait tout de suite.
« Un grand coup de chance », dit-il. « C’est la même sensation que de poser un super trick dans la poudreuse — tu sais juste, C'ÉTAIT ÇA ! Tu veux la confirmation en la regardant tout de suite, mais quand tu as vraiment capturé le moment, tu le ressens. Il y a une élévation qui l’accompagne, une explosion de joie ou d'excitation. »
Dans un monde où les formats, les tendances et même les vents contraires de l'IA générative changent à toute vitesse, Fredi ne se précipite pas pour poursuivre de nouveaux formats ou médiums. Du moins, pas encore. « Pour l'instant, je veux juste faire ce que je fais vraiment bien », dit-il.
Photographié par Fredi / Rider : Sam Anthamatten
« J’aimerais faire un voyage en Norvège, tout au nord, au printemps », dit-il. « Quand le soleil brille pendant si longtemps dans la journée et produit cette lumière dorée basse parfaite pendant de nombreuses heures. Ils ont la civilisation la plus septentrionale du monde, et c’est une combinaison qu’on ne trouve vraiment nulle part ailleurs. »
Et au-delà du Cercle Arctique ?
« J’aimerais aussi faire plus de travail dans des endroits exotiques où le paysage est différent. »
Où qu'il aille ensuite, nous savons que le résultat sera incontestable : réfléchi, audacieux, ancré dans l'expérience et inspiré par l'intuition. Un œil de snowboardeur, en effet, mais Fredi a prouvé que son métier connaît un grand succès en capturant des moments auxquels tous les amateurs d'activités de montagne peuvent se connecter.
